Cluny Lectures: Compte rendu de la rencontre du 12 juin 2018

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Seuls six membres sur dix ont pu participer à la dixième séance de travail de Cluny Lectures. Les avis n’en ont pas moins été multiples et ont soulevé nombre de questions car les deux romans examinés sont des « autofictions ». Maestro de Cécile Balavoine et Mon Citronnier de Samantha Berendson (cf. ci-dessous les comptes rendus critiques de Ulla Eckford-Jones et de Dr. Helmut Meise) appartiennent en effet au genre du roman personnel qui mélange les souvenirs avec l’imaginaire, qui croise le récit autobiographique avec un récit fictif. Il est bien connu que la part de mentir-vrai, de « romansonge » contenue dans un roman est de nature à titiller la curiosité des lectrices et des lecteurs.

Notre prochaine rencontre aura lieu le 31 juillet 2018. Nous examinerons Je suis un tueur humaniste (2017) de David Zaoui et L’Abandon des prétentions (2017) de Blandine Rinkel.


MAESTRO, 2017, Cécile Balavoine, Éditions Mercure de France, roman

Cécile Balavoine a déjà écrit plusieurs livres sur la musique, son thème de prédilection. Maestro est son premier roman, un livre qui séduira les mélomanes, les gens qui aiment et comprennent la musique, en particulier Mozart, puisque tel est le thème profond de ce roman.

Encore enfant, l’héroïne, Cécile, trouve un livre sur Mozart dans la bibliothèque de ses parents, un beau livre que personne n’a encore lu. Elle commence à le lire, et c’est ainsi que commence sa fascination pour le compositeur, sa vie et son œuvre.

Cécile a une jolie voix, elle prend des cours de chant à Paris. Malheureusement, en hiver, elle attrape une pneumonie et après sa guérison, sa voix ayant souffert, une carrière de chanteuse n’est plus possible. Elle prépare alors un concours de piano mais elle échoue, ce n’est pas son instrument. Finie la carrière musicale, elle se tourne vers la langue allemande. Quand elle a quinze ans, elle décide d’aller à Salzbourg. Elle veut perfectionner son allemand et voir les endroits où Mozart a vécu. Dans les livres que Cécile lit, le compositeur est considéré comme une sorte de demi-dieu, on parle de lui avec le plus grand respect. Elle, pour sa part, considère que Mozart vit dans sa chambre.

Ses études terminées, Cécile obtient un poste de lectrice à l’université à New York, ville où elle commence une nouvelle vie consacrée à la littérature, où elle parle une nouvelle langue. Un jour, elle doit interviewer un chef d’orchestre très connu – Maestro – et c’est le coup de foudre entre les deux amoureux de la musique de Mozart. Comme il est marié et qu’il a des enfants, leur liaison reste parallèle. Ils s’écrivent des courriels et se rencontrent quand il dirige des concerts en Europe. Il l’appelle « ma petite sœur d’âme », c’est un amour fou. Intelligente et cultivée, Cécile est aussi très émotive, même un peu exaltée. Elle se contente néanmoins de très peu, de quelques rendez-vous par an. Maestro est un chef d’orchestre renommé, un homme séduisant et un amant parfait, mais aussi un grand égoïste. Une histoire d’amour fantasmée ? Ce qui est bien réel dans ce roman par contre, c’est Mozart, sa musique qui existe pour toujours et pour tout le monde, une drogue qui rend heureux tous les amateurs de sa musique.


MON CITRONNIER, 2017, Samantha Barendson, J.-C. Lattès, roman

Samantha Barendson s’est déjà fait connaître par des publications poétiques. Dans son premier roman, elle aborde l’histoire de sa propre famille, à la première personne, sans nom d’emprunt et en relatant des événements biographiques. Elle se met en quête de la personnalité et de la vie de son père mort accidentellement quand elle avait deux ans. Le roman nous fait participer aux recherches, aux succès et aux déceptions, réflexions, rêveries et commentaires de Samantha. L’auteure introduit aussi dans le texte divers éléments qui concernent moins son père qu’elle-même.

Sur les cendres du père enfouies dans le jardin de la grand-mère, la famille a décidé en 1978 de faire pousser un citronnier. Ainsi, à chaque visite chez sa grand-mère paternelle, Samantha se retrouve en présence de son père, devenu « son » citronnier.

Les résultats des recherches enrichissent progressivement l’image paternelle, la fille ne cache pas sa fierté. Pas encore satisfaite cependant, elle continue à presser ses proches d’interrogations plus ou moins banales. Une nouvelle perspective s’ouvre à elle quand un oncle paternel lui révèle un détail crucial mais occulté par la famille. Elle consulte sa mère qui lui répond évasivement. Elle étend ses recherches à l’internet, sans résultat. Samantha se lance alors dans une recherche énergique pour approfondir la nouvelle dimension de son père. Enfin sur une vieille photo de famille, elle découvre un monsieur moustachu, ancien partenaire professionnel de son père en Espagne. Elle le rencontre mais l’entretien ne donne aucun résultat : Le moustachu ne peut ou ne veut se souvenir de rien. Déçue de n’avoir mis au jour qu’une biographie médiocre, Samantha interrompt sa recherche. Pourtant quelques mois plus tard elle recommence, et le dernier mot du roman est « patience ».

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