Festival du premier roman de Chambéry: Le jury hambourgeois choisit „La cache“ de Christophe Boltanski

Pour la première fois, la Société Cluny de Hambourg a encadré le Festival du premier roman de Chambéry-Savoie. Le 2 avril, les 10 membres du Jury de Hambourg ont choisi parmi 13 primo-romanciers et -romancières leur lauréat pour la saison 2016 : Christophe Boltanski pour son roman La Cache paru en 2015 (éditions Stock). L’auteur sera invité à l’automne pour nous présenter son œuvre et répondre aux questions du public.

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Le jury hambourgeois au travail

Avant de donner les raisons de ce choix, quelques mots présentant les particularités du Festival littéraire du premier roman de Chambéry. Il est né en 1987 de l’initiative de Jacques Charmatz, un enseignant désireux de motiver ses élèves à la lecture d’œuvres contemporaines. Les lectures ont été suivies d’échanges et d’interrogations aux auteurs encore inconnus, puis des premières rencontres dans la ville de Chambéry. Le succès est au rendez-vous, les rencontres deviennent annuelles, les invités se multiplient, aux élèves succèdent plusieurs jurys de lecteurs non professionnels répartis dans d’autres villes françaises. Ce Festival de littérature française s’ouvre finalement aux primo-romans écrits dans d’autres langues (italien, espagnol, allemand, anglais). Parmi ses buts, on peut citer de faire découvrir de nouveaux talents, d’être la plateforme d’une littérature émergente, de faire connaître et de valoriser la littérature européenne en langue d’origine.

Contrairement aux grands prix littéraires, il n’y a pas un seul lauréat par année mais des choix divers propres à chaque jury. Les auteur(e)s les plus remarqué(e)s se retrouvent d’une part en mai à Chambéry et se voient d’autre part invité(e)s par le jury de la ville qui les a distingué(e)s. Ainsi de Christophe Boltanski à Hambourg. Parmi les primo-romanciers distingués par le Festival de Chambéry, on trouve Christine Angot, Muriel Barbery, Jeanne Benameur, Mathias Enard, David Foenkinos, Michel Houellebecq, Carole Martinez, Amélie Nothomb, Boualem Sansal.

lacache_boltanskiDans La Cache, Christophe Boltanski nous fait une chronique de sa famille juive-corse-bretonne, et farfelue. Au gré de l’Histoire européenne des 19e et 20e siècles, cette famille s’est agrégée en un tout organique et est devenue le terreau d’artistes et d’intellectuels français. Myriam-Marie-Élise-Annie, la grand-mère, est le grand ordonnateur qui montre la direction à suivre à toute sa couvée, mari inclus. Le portrait du grand-père Étienne illustre la passivité collective des Juifs devant la Shoah. Christophe Boltanski a choisi de construire son roman selon le principe d’un jeu de société, le Cluedo (jeu britannique, créé en 1949 : sous forme d’enquête policière, les joueurs doivent découvrir qui est le meurtrier du docteur Lenoir. Pour ce faire, ils reçoivent des indices sous forme de cartes). Le jeu s’accompagne de la carte d’un manoir, l’auteur a aussi inclus dans son texte diverses cartes de l’appartement où vivait la famille. Ce monde grouillant et surdoué, qui se cache et réapparaît dans la vraie vie, est présenté avec la plus grande transparence dans le roman. On peut vérifier tous les noms et ouvrages cités, ils existent. Contrairement au genre dit romanesque, La Cache nous fait entrer dans une réalité insoupçonnée pour la plupart d’entre nous. Présentant des mœurs et coutumes inhabituelles, ce roman illustre à merveille les différences qui existent d’un Français à l’autre. Il nous fait réfléchir sur les origines des habitants d’un pays d’accueil, sur leur volonté d’enracinement comme sur leur nostalgie du pays d’origine devenu mythique au fil du temps.

Christophe Boltanski est auteur et protagoniste de La Cache. Il fait revivre sa famille avec finesse, tendresse, honnêteté et non sans humour. Il nous fait voyager dans le temps et dans l’espace : du dernier tiers du 19e siècle aux années 1970, d’Odessa à Paris et en Mayenne. Journaliste de profession, Christophe Boltanski a fait des recherches consciencieuses et tout son art est de les rendre en employant une écriture littéraire, légère. Non seulement il maîtrise les techniques de l’écriture, mais il a de la verve, et surtout, des souvenirs personnels. A la fin du roman, il questionne : L’enfermement favorise-t-il la créativité ? La réponse, sans hésitation, est OUI !

Maryse Vincent, Présidente du Jury

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